Peau et tabac, le dermatologue vous informe
Peau et tabac : une cause favorisant ou entretenant des dermatoses chroniques ?
Peau et tabac? Le pire des mariages.
On s’est aperçu que la nicotine irrite la paroi des glandes sébacées et rend propice l’apparition de kystes à l’aine ou derrière les oreilles. Une étude a démontré que les femmes fumeuses y sont plus sujettes et que lorsqu’elles arrêtent de fumer, on assiste à une disparition de ces kystes dans 70% des cas.
Fumer influe également sur la circulation sanguine et peut ainsi aggraver les problèmes de couperose.
Le tabac est également un facteur aggravant du psoriasis (cf notre focus sur le psoriasis).
Le tabac est-il un facteur inducteur de dermatoses ?
La fumée et certainement la chaleur dégagée par le bout incandescent de la cigarette, notamment lorsque l’on fume en la gardant coincée entre les lèvres, favorisent l’apparition de kératoses et de carcinomes autour de la bouche.
Quels sont les effets du tabac sur les cheveux ?
Le tabac s’attaque aux cheveux. Rien d’étonnant avec les quelque 4000 produits chimiques contenus dans la fumée.
Les cheveux ont cette particularité de conserver longtemps en mémoire tout ce que nous ingérons. C’est ainsi que l’on retrouve de la nicotine dans les cheveux des fumeurs.
On observe d’autres répercussions, notamment sur le développement des cheveux.
Le tabagisme aurait pour effet de les priver de certains nutriments indispensables à leur vitalité, à leur brillance (acides aminés, vitamines B, oligo-éléments) : c’est pour cette raison que les fumeurs ont les cheveux qui grisonnent plus rapidement.
Mais le tabac exerce aussi des effets négatifs sur la pousse des cheveux et favorise leur chute car il endommage le génome capillaire.
Alopécie induite par la fumée de cigarettes.
Comme les cellules cancéreuses, les cellules capillaires ont la particularité de se diviser très rapidement. Ainsi, nos cheveux poussent très vite, leur renouvellement est permanent et rapide. C’est pourquoi les scientifiques comparent souvent l’alopécie induite par la chimiothérapie à celle induite par la fumée de cigarettes. Dans les deux cas, fumée et chimio ont des effets toxiques sur les cellules qui se développent très rapidement.
A noter que les chercheurs qui travaillent sur la mise au point de traitements capables d’empêcher la chute des cheveux chez les malades soignés par chimiothérapie, utilisent classiquement dans leurs expérimentations le modèle de la toxicité induite par la fumée du tabac…
Ainsi, arrêter de fumer contribue à freiner la chute des cheveux, à les rendre plus souples et brillants…
Est-il vrai que le tabac empêche de bien cicatriser ? Oui
Tabac et vieillissement de la peau :
Fumer accélère le processus de vieillissement cutané exactement au même titre que le soleil.
Les fumeurs ont l’air plus vieux que les non-fumeurs. Le vieillissement cutané lié au tabagisme est surtout visible au niveau du visage, comme c’est le cas avec les expositions aux UV solaires. En ce qui concerne l’altération de la peau due au soleil, les métallo protéinases (des molécules participant au processus de renouvellement des cellules du derme) ont été mises en cause. Une constatation étonnante tend à montrer qu’il en serait de même des effets du tabac. Jusqu’à aujourd’hui le mécanisme du vieillissement cutané lié au tabagisme était inconnu. Toutefois, des études menées sur des cellules cutanées en culture montrent que des extraits de fumée de tabac modifient l’activité des protéines régulant le renouvellement des cellules de la peau, les métallo protéinases matricielles.
Chaque bouffée de fumée de cigarette dégage 200 000 radicaux libres qui vont attaquer les cellules de la peau et entraîner des effets sur le contour des yeux et la peau du visage dans son ensemble : apparition de rides, de cernes, épaississement de la peau et teint grisâtre…
A savoir !
– A consommation de cigarettes égale, hommes et femmes ne partagent pas les mêmes risques. Pour des raisons anatomiques et hormonales, les femmes seraient plus sensibles à la toxicité de la cigarette :
Le tabac favorise le vieillissement cutané mais aussi le vieillissement hormonal chez les femmes : une fumeuse se verra ménopausée en moyenne 5 ans avant une non fumeuse ! Au-delà du vieillissement cutané, le tabac favorise également certaines maladies essentiellement féminines. Ainsi, fumer augmente le risque de cancer du col de l’utérus (par 1,5 à 2,5), ainsi que le risque de cancer du sein avant même la ménopause. Le tabac élève encore les risques de phlébite et d’embolie pulmonaire.
Cet article vous a été proposé, rédigé et validé par un membre du SNDV, médecin dermatologue. Les auteurs des contenus du site reconnaissent ne pas avoir de liens d'intérêt avec les traitements proposés et les sujets traités.